Protégeons la Terre


   Juil 01

Energie nucléaire


Le nucléaire

Rappel

Les années 50 se sont ouvertes sur la fascination du nucléaire. A l’époque, son avenir ne se limitait pas à la production d’électricité. Il servirait à la propulsion des avions, des navires, des sous-marins et des locomotives. Il transformerait notre vie quotidienne.

Il révolutionnerait les méthodes de cultures :  » on constate que les légumes soumis à des irradiations, se développent plus rapidement  » pouvait-on lire à l’époque. Marie Curie, elle-même, proposait des injections intraveineuses de radium en disant:  » je n’ai pas de preuves que c’est bon pour la santé mais je le pense « .

Ampoule électrique

Ampoule électrique

A l’époque, il s’agissait de conjurer le cauchemar d’Hiroshima et d’endormir les populations en leur racontant une histoire : la super énergie serait là, demain, à leur disposition et réglerait les problèmes énergétiques du monde entier.

En France, on préparait la Bombe! D’abord en secret. Puis, en 1958, le Général de Gaulle, revenu au pouvoir, ne cacha pas son dessein. Deux ans plus tard, la première bombe explosait et ouvrait à la France les portes du club des puissances nucléaires. Tout était prêt pour un grand programme massif de construction de centrales. Les 2 chocs pétroliers des années 70 ont servi d’alibi pour se lancer dans l’aventure nucléaire.

Situation actuelle

Il y a en France 24 sites nucléaires regroupant 55 réacteurs (qui fournissent 75% de notre électricité) soit 1 réacteur par million d’habitants ce qui est la plus forte proportion mondiale.

Carte de France des centrales nucléaires

Carte de France des centrales nucléaires

Nous avons une usine de retraitement des déchets radioactifs (située à La Hague.

Pour finir, nous avons un surgénérateur (Superphénix) située à Creys Malville.

Répartition des énergies en France

Répartition des énergies en France

Inconvénients

Le plus important concerne les risques liés à la radioactivité. Invisible, inodore, impalpable, celle-ci est un poison insidieux qui frappe sans prévenir.

  • L’iode 131, par exemple, s’il pénètre dans le corps, se retrouvera en fin de course sur la thyroïde, irradiant les cellules se trouvant sur son passage et y causant des dégâts importants.
  • Le césium, lui, se fixera un peu partout dans les muscles.
  • Le strontium, préfèrera les os et irradiera la moelle épinière causant de nombreuses leucémies.

Comme de nombreuses substances radioactives gardent leur activité pendant très longtemps, celles-ci vont donc s’accumuler dans l’eau, les végétaux, les animaux et donc les hommes.

Si une irradiation ne conduit pas forcément à la mort, elle entraîne des effets différés (séquelles sur le système immunitaire, développement de cancers, problèmes génétiques, fausses couches…).

Tous les spécialistes reconnaissent qu’il n’y a pas de seuil en dessous duquel une irradiation n’aurait aucun effet. Malheureusement, le manque de transparence du lobby nucléaire empêche les spécialistes de mener des enquêtes épidémiologiques. Pourtant, l’an dernier, un professeur en bio-statistique épidémiologique lançait un pavé dans la mare :  » il y a beaucoup plus de cas de leucémie chez les jeunes qui habitent près du site de La Hague que dans le reste de la France « .

Atome

Atome

Quelles seraient les conséquences d’un accident majeur ? Cela s’est déjà produit ! Faut-il rappeler Tchernobyl ? Et il est probable que si l’on ne fait rien, un second accident pourrait avoir lieu ces prochaines années dans l’un des pays de l’Est. Le plus connu est le réacteur de Kosloduy en Bulgarie où l’Europe est condamnée à coopérer (vu la proximité des populations) pour éviter un second accident lequel remettrait en cause sa politique du  » tout nucléaire « . Mais cela lui permet aussi d’être au premier plan pour proposer ses services dans la construction de nouvelles centrales.

En effet, lorsque le président bulgare sollicite l’aide de l’Union Européenne pour  » repenser sa politique énergétique en plaçant l’efficacité énergétique en priorité  » on ne lui répond même pas.

Mais chez nous, le risque, même s’il est minime, est possible. Et ce risque est insupportable ! Des milliers d’hectares contaminés, des populations entières déplacées. Pire, s’il arrivait malheur à la centrale de Cattenom c’est tout le Luxembourg qu’il faudrait évacuer. Et où pourrait-on recréer un état luxembourgeois ?

Mais ce n’est pas tout : il y a aussi le gros problème des déchets nucléaires dont on ne sait que faire. Et ceux-ci sont beaucoup plus nombreux que voudraient nous le faire croire les autorités. Pour une raison simple, il n’y a pas que la centrale qui en produise mais chaque étape de la filière nucléaire, à savoir :

  • L’extraction du minerai d’uranium et les premiers traitements.
  • La transformation du minerai en  » Yellow Cake  » (les déchets du minerai contiennent 80% de la radioactivité).
  • L’enrichissement et le compactage en pastilles.
  • La combustion.
  • Le retraitement.
  • Il y a quelques années, les déchets étaient tout simplement jetés à la mer. Actuellement, ils sont confinés et entreposés sur place en attendant de trouver une solution. Une enquête a proposé la création de 3 centres de recherche pour l’enfouissement des déchets.

Mais ce serait un cadeau empoisonné que nous ferions aux générations futures car certains éléments ont une durée de vie considérable : le plutonium, par exemple, à une demi-vie de 24100 ans.

Mais ce n’est pas tout : on a décidé de mettre au point un surgénérateur, c’est à dire une centrale dont le combustible serait du plutonium et qui non content de produire de l’électricité produirait plus de plutonium qu’elle n’en consomme !

Superphoenix

Superphoenix

Mais Superphénix est un fiasco technique, industriel et financier. Il a coûté près de 50 milliards de francs mais n’a fonctionné que 174 jours à pleine puissance sur 8 ans d’existence.

Ne sachant que faire du plutonium, on a décidé de le retraiter, c’est à dire le séparer des autres déchets pour le réutiliser dans certains réacteurs sous forme de M.O.X.(combustible à Oxyde mixte uranium-plutonium).

Cela entraîne des manipulations très dangereuses ainsi que des transports à haut risque. De plus, l’usine deLa Hagueretraite aussi les déchets des pays étrangers comme le Japon, entraînant des transports maritimes d’un risque extrême. D’ailleurs, tous les déchets produits ne repartent pas !

Troisième grand problème : notre parc nucléaire vieillit ! Une centrale a une durée de vie de quelques dizaines d’années (25 à 40 ans). En fin d’exploitation, elle doit être déclassée. Il y a 3 niveaux de déclassement :

N° 1 Fermeture sous surveillance

N° 2 La libération partielle et conditionnelle

N° 3 La libération totale et inconditionnelle

Qu’appelle-t-on déclassement ?

 » C’est l’ensemble des activités qui commencent après la mise en arrêt de l’installation et qui visent à mettre cette dernière dans une situation qui assure la protection des travailleurs affectés au déclassement, du public ainsi que de l’environnement « .

Mais si la définition est claire, sa réalisation pratique n’est pas sans poser des problèmes de sécurité importants :

  • Les équipes d’intervention manquent cruellement d’expérience. Beaucoup d’accidents mortels ont déjà eu lieu.
  • De nombreux problèmes techniques se font jour : nécessité d’intervention de robots, décontamination…

Cela va entraîner un coût énorme !!!

Aussi devant de tels problèmes, E.D.F. a-t-elle pensé reculer le démantèlement et s’octroyer un délai supplémentaire de 50 voire 100 ans (pour les réacteurs de + de 1000 Mégawatts).

Mais c’est trop facile d’offrir ce cadeau aux générations à venir ; c’est aussi retarder les frais que cela engendrera et donc le coût de revient du Kilowatt/heure si bon marché.

Argent

Argent

Et, c’est oublier que les structures vont s’éroder et rendre plus délicate les interventions. De plus, c’est la mémoire de l’installation qui se perdrait.

Pour terminer sur ce sujet, il convient d’évoquer les risques de prolifération nucléaire. Le plutonium, qui est donc un déchet de combustion, est aussi à la base des bombes nucléaires. Il suffit de3 Kgpour en fabriquer une. Et c’est près de 1200 t qui transitent de par le monde. Cinq pays sont seuls censés posséder l’arme atomique. Pourtant il est reconnu que plusieurs autres pays la possèdent ou en sont très près. Certains ont une instabilité politique qui peut faire craindre pour l’avenir de la planète. Surtout lorsque l’on sait que 25 t de plutonium ont échappé au contrôle international.

Non, il n’y a vraiment aucun doute : il faut abandonner cette filière qui est vraiment trop dangereuse pour l’avenir de la planète.

Pour sortir du nucléaire, il serait aisé de se reporter sur les énergies fossiles. Mais les partisans d’un changement de politique énergétique ne sont pas simplement des antinucléaires. Ils sont pour un avenir durable et sans danger. Or les énergies fossiles ont un inconvénient majeur : elles amplifient le phénomène de l’effet de serre.

CANDAES Richard