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   Juil 01

Toiture végétalisée


La toiture végétalisée

Définition

La toiture végétalisée consiste en un système d’étanchéité recouvert d’un complexe drainant, composé de matière organique et volcanique, qui accueille un tapis de plantes précultivées (sédum, vivaces, graminées…). S’installant aussi bien sur une structure en béton, en acier ou en bois, elle offre une surface vivante qui change d’aspect en fonction des saisons et de la floraison des végétaux.

Toiture extensive de sédums, Centre d’interprétation de la Nature, Parc national du Biesbosch, (Pays-Bas)

Trois types de végétalisation

Rappelons qu’il existe trois types de végétalisation : la végétalisation extensive, la végétalisation semi-intensive et la végétalisation intensive. La végétalisation extensive, qui aboutit normalement à un écosystème, est une technique qui utilise un complexe de culture élaboré de faible épaisseur permettant la réalisation d’un couvert végétal permanent. Celui-ci est constitué de plantes qui ne sont pas nécessairement horticoles. Dans ce cas, l’entretien est réduit au minium. Pour sa part, la végétalisation semi intensive est une technique qui utilise un complexe de culture élaboré, d’épaisseur moyenne. Elle est utilisée pour réaliser un espace décoratif en toiture. Si l’entretien est réputé modéré, en revanche, l’arrosage est indispensable. Enfin, la végétalisation intensive est une technique qui conduit à la réalisation d’une toiture-terrasse jardin.

La végétalisation extensive des toitures présente de nombreux avantages qui donnent des réponses non seulement en termes d’esthétique mais aussi de qualité environnementale. En effet, ce type de toiture peut remplir la fonction d’absorbeurs de différents polluants urbains contribuant ainsi à diminuer la pollution atmosphérique. Les plantes peuvent filtrer des particules de l’air et absorber des éléments chimiques gazeux et les transformer. De plus, ces toitures ont une influence positive sur le climat intérieur du bâtiment en améliorant le confort thermique et acoustique et en humidifiant l’air ambiant. La température et le rayonnement thermique s’en trouve amoindris. Alors que les surfaces nues amplifient la pollution acoustique par réflexion, les plantes absorbent le son. D’après le CSTB, le gain sur le Rw apporté par ces systèmes par rapport à une toiture traditionnelle peut être estimé à environ 15 à 20 dB selon que le substrat de la toiture végétalisée est sec ou a capacité maximale en eau. Par ailleurs, une toiture végétalisée peut accroître l’isolation acoustique aux bruits aériens.

Toit vert de type « culture intensive » à Manhattan, (Etats-unis)

Avantages

Enfin, les toitures végétalisées régulent efficacement les écoulements des précipitations, en retenant une partie des eaux de pluie et contribuent à limiter les risques d’inondation en évitant la saturation des réseaux. Elle peut même lors d’orages après une période de sécheresse, réduire l’engorgement des réseaux d’assainissement. Les toitures végétalisées, suivant leurs caractéristiques, se comportent comme des éponges, retenant un certain temps l’eau et la restituant à l’atmosphère par évaporation, une partie de cette eau étant absorbée par les plantes. Pour en quantifier l’impact, il faut prendre en compte le genre de système, sa performance en fonction de ses caractéristiques et les conditions climatiques locales, en particulier le temps qui s’écoule entre deux fortes pluies, voire le degré de saturation du substrat au moment de la pluie en fonction de la surface végétalisée. L’ampleur de l’effet retardateur de l’évacuation de l’eau peut atteindre, en fonction des conditions précitées, 2/3 des effets d’un orage d’une durée d’une heure, mais ce point dépend fortement de l’état de saturation en eau du système avant l’orage (eau absorbée lors des pluies précédentes).

Autre atout des toitures végétalisées : l’augmentation de la durée de vie de l’étanchéité. La protection d’une étanchéité, dont la durée de vie est limitée à une quinzaine d’années, peut être doublée dans le cas d’une toiture végétalisée. La végétalisation extensive limite en effet le choc thermique. En été, sur une étanchéité, des températures de 60° C à 75° C sont régulièrement enregistrées alors qu’avec une végétalisation extensive, cette température sera de 25° C à 35° C, explique l’association l’Adivet

(Association pour le développement et l’innovation de la végétalisation extensive des toitures) créée en décembre 2001 sous l’impulsion d’Ecovegetal et de Soprema, deux professionnels du secteur.

Il s’agit également de systèmes légers utilisables sur tous types de bâtiments, non seulement en travaux neufs mais aussi en réhabilitation, et qui nécessitent un faible entretien.

La toiture écologique s’inscrit également dans une démarche  HQE® en participant aux économies d’énergie induites par le rôle d’isolation thermique, en régulant le confort thermique d’été grâce à l’hygrométrie apportée par le complexe végétalisation et isolation thermique de la toiture, en améliorant la qualité du paysage, la biodiversité et en favorisant l’intégration du bâtiment dans l’environnement urbain, en utilisant des produits renouvelables et nécessitant peu d’entretien (substrat naturel de faible épaisseur, espèces végétales peu consommatrice d’eau et d’engrais), en ralentissant et en limitant le rejet des eaux d’orage dans les dispositifs d’évacuation des eaux pluviales.

Terrasse d’agrément, avec jardin de sédum et buissons, East Asia Institute à Ludwigshafen (Allemagne)

Alors qu’elle reste encore trop méconnue en France, la toiture végétalisée est une technique largement utilisée en Allemagne, en Suisse, au Japon et dans la plupart des pays d’Europe et même en Amérique du Nord.

En Allemagne où le marché est estimé à 13 millions de mètres carrés par an, plus de 40% des villes proposent des incitations financières pour le développement des toitures végétalisées. À Berlin, par exemple, la ville prend à sa charge 60% des dépenses liées aux toitures végétalisées et à l’installation de traitement de l’eau de pluie. La ville de Bale en Suisse subventionne à hauteur de 40% la végétalisation extensive de toiture sur son territoire en se fixant comme objectif la végétalisation annuelle de 20 à 30000 m2. Une étude d’Environnement Canada estime que la végétalisation de 6% de toute la surface de toits disponibles pourrait faire baisser la température de Toronto de 1 à 2°C, ce qui permettrait les jours de canicule, une baisse de 5% de la demande en électricité pour la climatisation et la réfrigération et par conséquent une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Au japon, cette technique est encouragée par une réduction de taxes.

En France, alors que 150 000 m2 de toitures végétalisées ont été recensées en 2002, 22 millions de m2 de toitures étanchées sont potentiellement transformables en toitures vertes, selon le CSTB.

Dans ce contexte, les industriels et les professionnels français avec notamment le CSTB,et l’association l’Adivet ont décidé de se mobiliser pour développer cette technique.

Des démarches ont ainsi été engagées pour promouvoir cette technique.La Région Nord-Pas-de-Calais incite à la végétalisation des toitures pour les équipements sportifs et scolaires au travers des programmes d’architecture. L’agence de Bassin Seine-Normandie subventionne depuis juillet 2003 la végétalisation des toitures pour les projets des collectivités.La Région Ile-de-France envisage de l’imposer pour les toits étanchés de ces équipements. Quant àla Mairiede Paris, elle a intégré le concept de toiture végétalisée dans son Plan Local d’Urbanisme (PLU) et d’autres agglomérations sont prêtes à suivre cet exemple.

Toiture et chemin de promenade sur le toit de l’Université des arts et cultures de Shizuoka (Japon)

Composition

Schéma : SOPREMA